Une fois par mois, la newsletter mensuelle de l'équipe rassemble une sélection tout à fait arbitraire et subjective, toutes disciplines confondues, élaborée à partir d’un mot-clé. En juillet, c’est “Raccomoder".
Eloïse Coussy
- la sélection de Catherine
Ma grand-mère raccommodait nos chaussettes
Ma mère raccommodait son mari
Moi je me raccommode
À l’habituelle question « Tu fais quoi toi dans la vie ? », Eloïse Coussy nous invite à répondre autrement, en nous plaçant au centre de nos préoccupations. S’écouter pour se raccommoder, c'est un travail indispensable.
→ Eloïse Coussy, série “Vous faites quoi dans la vie?”.
Joana Choumali
- la sélection d'Emmanuelle
“J’ai eu envie de recréer la réalité et de panser les blessures.”
En 2016, À la suite de l’attentat terroriste qui touche Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire, l'artiste Joana Choumali photographie les paysages blessés de son pays. Plus tard, elle entreprendra de les panser, en utilisant la broderie pour sculpter de nouvelles perspectives.
→ Joana Choumali, série "Ça va aller", 2016.
Karoline Hjorth & Riitta Ikonen
- la sélection de Lara
Depuis 2011, Karoline Hjorth (photographe) et Riitta Ikonen (sculptrice) rendent hommage au quatrième âge à travers une série de portraits – Eyes as big as plates – qui donne corps aux liens qui unissent les personnes âgées à leur environnement. Dans ces clichés à la fois doux et joyeux, les personnages intègrent littéralement le paysage, habillés de costumes créés en collaboration avec les artistes.
→ Karoline Hjorth & Riitta Ikonen, série en cours "Eyes as big as plates".
La Parisienne Libérée
- la sélection d'Emilie
« EDF [les cousins français d'Engie-Electrabel] dépense actuellement des millions d’euros pour changer ce type de pièces usées, car l’entreprise espère pouvoir prolonger la durée de vie des centrales, bien au-delà des durées pour lesquelles elles ont été conçues. Cette rénovation de façade à but spéculatif porte un nom qui évoque moins l’opération industriel que le roman d’aventures : « Le Grand Carénage ». En réalité ce carénage consiste en une sorte de rapiéçage et de rafistolage, pour remplacer au mieux, au moins cher, et au plus vite, les parties de la centrale les plus fragiles … Quand on voit la façon dont les choses se sont déroulées, même si on n’a pas trop envie d’en rire, en vérité, on peut difficilement s’empêcher de penser qu’il aurait été plus judicieux pour EDF d’appeler son roman d’aventures "le Grand Carnage". »
Le nucléaire ne se raccommode pas. Certains objets deviennent des urgences chroniques (un « presqu’oxymore »), parce que leurs fondations mêmes sont bancales et dangereuses. Face au discours dominant, un ouvrage comme Le nucléaire c’est fini mêle enquête, récit auto-biographique, archives de luttes et plaidoyer, et nous remet habilement en éveil et en action sur la question du nucléaire… Ni nuke - ni maîtres !
→ La Parisienne Libérée, Le nucléaire c’est fini (La Fabrique, 2019).
Naomi Fontaine
- la sélection de Flo
« Nous avons été longtemps analysés, sans que jamais personne ne se donne la peine de nous connaître. »
Avec Shuni, son troisième roman, l'autrice innue Naomi Fontaine ne raconte pas seulement son peuple mais tente de l'expliquer aux allochtones. Ça parle de résistance (plutôt que de résilience), de réparation pour soi et sa communauté, des conditions d'une possible réconciliation. Solidement ancrée dans le territoire de ses ancêtres, Naomi Fontaine évoque un processus de décolonisation qui résonne partout ailleurs.
→ Naomi Fontaine, Shuni (Mémoire d’encrier, 2019).
Sarah-Athina Nahas
- la sélection d'Elise
Originaire du Liban et installée à Londres, l’artiste Sarah Athina Nahas donne à voir un univers hybride, multiple, où les matières se rencontrent pour mieux se donner chair et se relier au vivant.
“Je démembre, j'assemble et je réorganise des parties de corps, des parties de moi-même ; je vois le corps comme un paysage intérieur plein de potentialité et finalement plein de beauté. Quand on pense au sang, au pus, à la chair, aux organes et à tous les fluides corporels, on les considère immédiatement comme des choses abjectes, des parties repoussantes de nous-mêmes qu'il vaut mieux garder sous la peau, enterrées, oubliées. En niant ces composantes essentielles, nous nions une partie importante de ce qui nous rend humains, fragiles, et nous rend capables de nous relier les un·es aux autres.”
Et pour clôturer ce deuxième volume de notre newsletter, Elise a préparé petite sélection musicale sur le même thème à découvrir sur Spotify ou sur YouTube. On y danse autant qu'on y contemple, bonne écoute et rendez-vous en août ! ♥